Longueur au pont :
13,50 m Largeur : 4,00 m Tirant d'eau : 2,30 m Déplacement moyen : 8,5 t Voilure : Grand'voile : 66,5 m² Solent : 44,5 m² Total au près : 111 m² |
Après la très belle réalisation du "Tocade" par Charlie Capelle et ses habiles charpentiers, voici le B13-50 en préparation. Ce petit sloop bermudien en bois et composite sortira également des ateliers de Charlie Capelle. Pourquoi ce bateau ? - La taille Pour une famille de 4 ou 5 personnes qui veut faire des croisières hauturières en sécurité, il fallait au moins cette taille de bateau pour se sentir à l'aise à l'intérieur et à l'aise à l'extérieur sans craindre d'essuyer des coups de tabac imprévus. - Le style Un peu de "chien" pour une certaine personnalité qui doit se démarquer et devenir le bateau "unique", tel que le futur propriétaire le souhaite avec insistance, voilà en deux mots ce qui est attendu. Le style est le mien, bien sûr, et je le développe pour adapter les exigences comme elles doivent être satisfaites. Les futurs propriétaires travaillent avec moi pour les aménagements dans la mesure du possible compte tenu des contraintes techniques. C'est l'intérêt du bateau "personnalisé" construit par un chantier artisanal qui peut s'adapter facilement à chaque nouvelle unité. L'informatique et les "centres d'usinages" permettent aujourd'hui d'aborder la fabrication avec aisance pour résoudre les problèmes de la construction "à l'unité". - Un bateau simple et marin Quillard avec un tirant d'eau de 2,30 m : c'est la rançon de l'extrême simplicité et de l'extrême efficacité. Le voile de quille taillé comme un sabre en acier spécial et la torpille en plomb donnent le meilleur pour le couple de redressement et pour une remontée contre le vent. Mais ces adaptations pour le près serré n'enlèvent rien à l'aptitude à marcher au portant. Les formes arrière très porteuses aident à partir en planing en dépassant largement la vitesse "limite" de la coque. A ce sujet, la longueur de la flottaison est maximum avec des lignes fines et douces, ce qui permet d'autant plus de dépasser les limites de vitesse. Le safran suspendu avec une mèche en inox est dorénavant classique et ne pose plus de problème. Pourquoi pas deux safrans ? Toujours pour des raisons de simplicité. Le bateau étant moins large que la moyenne pour sa taille, un safran seul fonctionne très bien dans ce cas. Cette coque assez étroite donne des lignes toujours harmonieuses à la gîte, ce qui garantit aussi de bonnes performances au près avec un safran toujours dans l'eau. Le plan de pont adapté au programme hauturier comporte un roof "panoramique" avec un abri extérieur. Le confort de cette disposition est incomparable ! Les quarts ainsi abrités deviennent des moments agréables, même par fort vent ou au contraire sous un soleil écrasant. La disposition de ce type de roof a été vécue et testée avec grand succès sur "Etoile Horizon" dans des conditions difficiles. A l'intérieur, les larges fenêtres permettent une vue dégagée sur sur la mer. Le gréement est tout à fait classique dorénavant. Mât en aluminium, deux étages de barres de flèches angulées à 20 degrés, un pataras, un solent sans recouvrement gréé sur enrouleur; un deuxième enrouleur est installé pour une trinquette de fort grammage pour le gros temps. Une autre possibilité est de garder la trinquette sur le pont, endraillée avec des mousquetons classiques, prête à être hissée.. Une bastaque sera gréée pour reprendre les efforts de cette trinquette lorsqu'elle est envoyée. Vers l'avant une poulie de va-et-vient frappée au bout de la delphinière permet le déploiement d'un gennaker ou un reacher. Cette delphnière est par ailleurs bien adaptée pour le mouillage dégagé de l'étrave.... La grand'voile est évidemment équipée de ris automatiques et de laizy jacks. Toutes les manoeuvres peuvent revenir au cockpit selon le souhait de futur skipper. - Un bateau en bois Le bois et composites sont très bien adaptés à construction à l'unité car aucun moule n'est nécessaire et le bois "file" naturellement sur les formes grâce à l'inertie de son épaisseur et grâce à sa souplesse. On peut prendre un bois très léger pour constituer l'âme neutre d'un sandwich enrobé de fibre de verre ou de carbone mais ce n'est pas notre cas ici. Le bois possède des qualités mécaniques très importantes eu égard à son poids et son pouvoir isolant n'est pas négligeable. Par ailleurs les techniques éprouvées depuis longtemps et toujours d'actualité chez Capelle n'ont jamais failli; il s'agit de border la coque d'un pli de "strip planking" (virures jointives à profil constant) et de 2 plis diagonaux de bois moulé (lattes de bois tranché d'épaisseur entre 4 et 6 mm selon les essences). Le tout est collé à la résine époxy sous vide. Ici nous prendrons de l'épicéa des montagnes bien sec. Ce bois est certainement le meilleur d'Europe pour cet usage. Il est équivalent au "Sitka Spruce" d'Amérique, sur la côte ouest et du Canada. En effet, contrairement aux feuillus de nos forêts, comme le hêtre, le chêne, etc, l'épicéa est constitué de cellules 2 fois plus longues ce qui lui confère un module d'élasticité important par rapport à sa masse. Il se présente donc avec ce "nerf", ce qui le fait préférer aux autres bois pour la lutherie par exemple. Les anciens avaient déjà remarqué cette qualité dans ce bois dit "musical", en particulier le célèbre Stradivarius. Pour finir, il n'y a pas si longtemps, l'épicéa était utilisé pour la fabrication des longerons des ailes d'avions de l'époque... Quels avantages par rapport à la fibre de verre/résine ? A poids égal le bois est plus performant et plus rigide. Seul un sandwich avec une âme en mousse pvc ou balsa par exemple sera plus léger. Chaque matériau a ses défauts et ses qualités, je n'insiste pas ici mais les qualités du bois sont nombreuses. Comme le bois est protégé par la fibre de verre et l'époxy, son entretien est identique à celui d'une coque en plastique et aucun risque d'osmose n'est à craindre. Finalement un bateau en bois moderne promet de durer très longtemps, et tant que la résine époxy sera conservée, il continuera vaillamment à courir les milles sans faillir. Nous voici donc avec un bois formidable à disposition, et qui plus est, bien de chez nous, de nos forêts gérées avec soin pour un usage rationnel. Voilà pour la coque. Pour le pont, rien n'est meilleur qu'un bon contreplaqué assemblé à "sifflets" sur un barrotage classique. Les "baux" sont ainsi repris très efficacement par ce contreplaqué d'un seul tenant qui réagit aussi aux contraintes de torsion de la coque dans son ensemble. Sur ce contreplaqué vient une protection de fibre de verre-époxy voire un pontage en lattes d'usure en teck ou en pin d'Orégon bien débité sur maille. C'est une option bien entendu, qui reste possible mais qui a son prix et ses soucis par la suite. Le bois est aussi presque incontournable pour les intérieurs. Seul ou allié à d'autres matériaux, l'effet sera toujours chaleureux et d'une "ambiance" agréable. Le futur propriétaire peut évidemment arranger les choses à son goût mais je donne des conseils et le cas échéant je prends le "design" et l'organisation des travaux sous ma coupe; c'est aussi mon métier et je le fais avec passion. Je proposerai des solutions et des choix selon mon expérience et mes 40 années d'observations dans le domaine. Il est des détails qu'il convient d'éviter et d'autres qui feront la différence entre le passable et le chic ou l'élégant pour le même prix à payer. J'aime par exemple marier des bois de diverses couleurs et de divers grains mais j'aime aussi travailler cette belle matière dans son épaisseur ou sa troisième dimension dans la profondeur. Contrairement à ce qui est coutumier de croire, les ouvrages élégants en bois massif ne sont guère plus lourds que les mêmes dans un contreplaqué moins attrayant. On peut également travailler des panneaux composites collés de bois tranché et habillés d'alaises adaptées, tout est possible dans ce domaine et je ne suis pas avare de conseils dans ce lieu où les idées ne manquent pas. - Un plan d'aménagement modulable L'intérêt du bateau et de ses méthodes de construction se confirment pleinement ici. Tout peut être revu dans l'agencement de l'intérieur. Le premier exemplaire sera aménagé comme ci-dessous par exemple, avec 3 cabines doubles. L'idée adoptée sur "Tocade" d'une salle d'eau sur toute la largeur du bateau en avant de la cloison maîtresse a été retenue. |
Le Mot du Propriétaire
Convoyage d'automne … Mercredi, départ de la Trinité pour rallier Cherbourg, en passant par le départ du Rhum dimanche matin, devant Saint Malo. Il est 19h, le temps bouché nous a fait traîner pour sortir de la baie de Quiberon. Avec Vincent, essayeur du chantier, décision est prise de naviguer toute la nuit pour passer le raz de Sein à la renverse le lendemain midi. C'est une belle nuit étoilée, avec la pleine lune. Le vent reste stable, du SW à 12 nœuds, ce qui permet de tenir un joli 7-8 nœuds de moyenne sur de longs bords. Groix s'éloigne et les feux des Glénans émergent doucement. Un banc de dauphins nous rejoint et va glisser avec nous, jusqu'au petit jour ; première nuit en mer, premier bon souvenir ! Midi, on se présente devant le raz de Sein, comme prévu. Nous passons le Four et débouchons en Manche vers 16 h, avec une houle de 3 mètres pour nous accueillir et 20-25 nœuds de vent de sud. Nous roulons le génois. Sous GV seule, le bateau marche toujours à 7-8 nœuds ! Nous progressons maintenant au travers, en pointant sur l'Aber Wrach où nous mouillons pour la nuit. Il est 19h, nous avons parcouru 184 milles depuis le départ, la veille. Au matin, le ciel est couvert, le vent souffle à 22 nœuds derière le môle et les vagues brisent à la sortie de l'Aber. On appareille à 13h sous GV seule à 2 ris. En fait, le voilier est trop toilé à l'arrière et pas assez à l'avant, mais bon, on arrive tout de même à remonter à 60° du vent. C'est inconfortable mais ça passe. Après avoir bien dégagé le phare de la Vierge, nous entamons un beau bord au vent arrière, à plus de 12 nœuds de moyenne, avec 40 nœuds de vent bien établis. Nous atteindrons 16,2 nœuds au speedo, sur une vague plus grosse que les autres. Pas mal pour un croiseur, dit familial. Après vérification de la météo, nous décidons de poursuivre jusqu'à St Cast Le Guildo. Le vent s'est établi à 15-17 nœuds de sud pour la nuit, cela suffit pour tenir une moyenne de 8 nœuds. St Cast est atteint à 6h du matin après une deuxième nuit en mer. Samedi, journée off. Dimanche matin, nous appareillons vers 8h car nous avons promis à Charlie Capelle d'être sur la zone de départ pour un au revoir. Nous le rejoignons sur son trimaran "Acapella" vers 11h30. Le timing est respecté ! Un bord à bord d'un quart d'heure permet de se saluer. 13h02 : coup de canon du départ de la Route du Rhum. Sur l'eau, les concurrents sont loin et nombreux, mais le spectacle est dans la nuée de bateaux accompagnateurs, du ferry au zodiac, en passant par toutes les nuances de taille ; tous avancent plein gaz. Vers 13h30, la horde sauvage est passée et la pétole s'est installée. Deux heures de moteur plein nord nous rapprochent de notre destination finale : Cherbourg. Le vent rentre au NE. On envoie GV haute et le genois. Sous Jersey et Serq nous remontons à fond vers Aurigny. Le Raz Blanchard est franchi juste à la renverse, avec le flot qui s'établit et nous abattons progressivement sur Cherbourg dans 17-20 nœuds de vent de NE qui lève un clapot court à contre-courant. La mer est agitée ; pendant une heure nous naviguons à 10 nœuds dans un nuage permanent d'embruns. L'ambiance "course" se prolonge décidément en ce dimanche 1er novembre, l'atmosphère à bord est chaude ! C'est le dernier bord de ce convoyage mais ce n'est pas le plus mou. A 4h30 nous voilà amarrés à Cherbourg après une troisième nuit en mer. Nous aurons fait un tour de la Bretagne à deux, en 3 étapes. 450 milles à 8 nœuds de moyenne : pas mal pour un bateau qui sort du chantier et dont l'équipage manque encore de repères ! Maintenant, il faut penser à l'hivernage en attendant le retour du printemps. Je note les dernières bricoles à améliorer pour clore définitivement un chantier de 3 ans, conception et construction comprises. L'aventure a été belle jusqu'ici et "Endless Summer" est bien né. L'architecte Patrick Balta, l'équipe de "Technologie Marine", Charlie Capelle, Loïc, Stéphane, Jessica, Jean-Louis et Philippe ont réalisé un bien joli canote. 113 m² pour moins de 10T en charge, ça pousse ! Maintenant, il reste à naviguer, à apprendre et à engranger les émotions et les souvenirs. Vivement les beaux jours de mai, comme le dit la chanson. Manuel A Loïc et à toute l'équipe |